Sa première fête des pères sans son papa
Nous attendions ce jour avec un peu d'anxieté, le pédopsychiatre avait dit de faire comme d'habitude, j'avais si peur que ce soit douloureux pour Petit Chou de voir son petit frère offrir un cadeau et surtout de l'entendre dire "bonne fête papa". Lui qui ne pourra plus jamais dire ce si joli mot "papa", nous n'avons pas souhaité en faire une grosse fête et sommes restés entre nous, nous avons rejoint mes parents dans l'après midi pour surtout fêter l'anniversaire de mon papa à moi.
L'idée était que cette journée ne tourne pas autour de ces mots là, pour ne pas remuer le couteau dans la plaie, mais il fallait quand même y passer car la vie continue et nous ne voulions pas frustrer Petit Loulou. Il avait préparé une jolie lettre pour chéri-chéri et avait souhaité lui acheter un petit quelque chose. Chaque année beau papa a un cadeau fait main, souvent il s 'inspirait de celui de son papa, fait à l'école mais cette année, collège oblige, plus de cadeau préparé à l'école.
Nous sommes allés acheter des tongs, "rouge il aime le rouge chéri-chéri" la veille et puis il a réfléchi son mot, a fait un brouillon, m'a soumis sa "création" m'a demandé ce que je préférais entre deux options, s'est appliqué à bien recopier en supprimant certaines fautes et a planqué ses cadeaux. Il semblait content de lui.
Je lui avais proposé d'écrire un petit mot pour son papa aussi, de faire un cadeau symbolique, d'ensuite le garder dans son cahier ou même l'enterrer quelque part, un endroit de son choix, un endroit qui avait un sens pour son papa et lui, mais il n'a pas voulu "je préfère pouvoir donner mon cadeau à quelqu'un". Alors je n'ai pas insisté.
Dimanche matin il était de bonne humeur, comme d'habitude en fait, les garçons sont allés réveiller chéri-chéri et les cadeaux étaient là, dehors sur la terrasse avec le café chaud. Ils étaient tous les deux impatients de lui offrir, comme à chaque fois. Et tout s'est bien passé. Aucune allusion à son papa disparu, aucun trémollo dans la voix, aucune pensée, du moins dite tout haut, rien. Nous avons été très surpris par cette absence de réaction. Il a gâté son beau papa, des mots d'amour ont été échangés, tout était chouette.
Un peu plus tard dans la journée j'ai profité d'une petite ouverture pour lui demander si ça allait en ce jour un peu particulier "oui ça va", si ce n'était pas trop dur le matin s'offrir les cadeaux "si, un peu mais ça va", je lui ai dit que nous avions tous eu une pensée pour son papa et qu'il avait le droit d'en parler, d'être triste ou pas d'ailleurs "oui je l'étais un peu mais je me suis retenu".
Je ne sais pas s'il a en effet pris sur lui, car il est de ceux qui gardent leurs sentiments pour lui, ou s'il n'avait pas de peine ce jour là mais ayant peur d'être jugé m'a dit ce qu'il pensait que je souhaitais entendre. Toujours est il que la journée s'est bien déroulée pas de crise, pas de coup de mou comme ça a pu lui arriver parfois, une journée classique, étonnement calme et agréable.
Parfois je me dis qu'il ne réalise pas encore totalement...