Quand j'étais petite ...
Quand j'étais petite, que j'avais entre 3 et 5 ans j'habitais dans un appartement à Chambéry, avec papa et maman et j'étais bien avec eux. TOUTE SEULE, la reine, leur reine... J'avais une jolie chambre avec sur les murs une belle tapisserie dans les tons orangés, normal quand j'étais petite on était en plein dans les années 70, mon joli couvre lit aussi était orange. Mais en ce temps là je m'en fichais, ma mère avait beau me vêtir de tenues toutes plus improbables les unes que les autres j'étais heureuse et je m'amusais avec mon papa, je jouais à l'infirmière, l'allongeais sur mon lit ou l'installais sur un fauteuil et lui faisais des piqûres, avec mon joli déguisement.
Il endossait quant à lui le rôle du patient pénible qui n'aime pas ce qu'on lui apporte à manger et se plaint tout le temps. Ca me plaisait ces moments privilégiés avec lui, on était que tous les deux parce que maman travaillait le samedi.
La journée commençait par le marché où il aimait à se balader et répondre fièrement aux gens faisant allusion à ma belle couleur de cheveux, à cette époque j'étais rousse. Il était fier mon papa. Et puis nous jouions ensemble, regardions les Mystères de l'Ouest que j'adorais et il finissait par me donner le bain. Il fallait soigneusement me laver et démêler les cheveux et surtout ne pas les abîmer. Ca je ne m'en souviens pas ce sont mes parents qui m'ont raconté, avec un petit ton moqueur dans la voix de maman "alala tes cheveux". En ce temps là papa avait le temps de prendre le temps, il était dépanneur (machine à laver, lave vaisselle...).
Et puis mon frère est arrivé, maman a arrêté de travailler et il a changé de travail, un poste de conseiller financier avec des
heures, beaucoup d'heures de travail. Le rôle du chef de famille est de mettre à l'abri ses enfants et sa femme, c'est comme ça que j'ai été élevé, dans ce schéma là. Avec
le goût de l'effort et le respect du travail bien fait. Puis j'ai grandi et je me suis éloignée de ce père qui était pourtant si présent et aimant. Eloignée à en devenir
presque des étrangers l'un pour l'autre. Jusqu'à appréhender de devoir déjeuner en tête à tête avec lui "mon dieu mais de quoi allons nous parler", moi qui déteste les "blancs" dans une
conversation. Mais des "blancs" il n'y en avait jamais au final puisqu'il passait son temps à parler de son travail, ses résultats, ses collègues, les gens qu'il recrutait, ses
méthodes de management, lui lui toujours lui. Et pourtant j'aurais tant aimé qu'il s'intéresse à ma scolarité, j'ai fait une école de commerce on aurait pu trouver des sujets de
conversation intéressants, échanger. Mais non, cela n'arrivait jamais.
J'ai grandi j'ai travaillé et les conversations elles ne changeaient jamais de sujet lui lui et encore lui. Quand je suis devenue maman je me suis dis que peut être là j'allais l'intéresser mais non, toujours pas. Même s'il a tout de suite craqué pour son petit fils et n'hésitait pas à faire le clown pour le faire rire, pareil avec le dernier d'ailleurs. Aucune question sur ma vie, mes envies, à part la classique "ça va au boulot". Alors j'ai fini par en prendre mon parti, tant pis. Mais je me rends compte aujourd'hui que je lui en veux, que malgré sa retraite, son temps libre et les relations un peu plus proches que nous en avons établies, j'ai une boule dans le ventre et je suis en colère. Une colère qui semble me ronger et faire bien plus de ravages que je ne le croyais. Le dernier accrochage a été fatal puisqu'on ne se parle plus depuis. Une vilaine réflexion de sa part suite à une punition que j'ai donnée à mon grand. Une décision qu'il ne partageait apparemment pas et cette remarque que je n'ai pas tolérée.
Pour porter un jugement il est préférable selon moi de maîtriser le sujet ce qui est loin d'être le cas. Et voilà comment on passe de joyeux souvenirs, gais et lumineux (bien orangés même) à la triste réalité des choses. Je ne pensais pas en commençant ce billet aller dans cette direction mais puisqu'au final c'est là que l'écriture m'a amenée je décide de laisser toutes mes lignes et pensées intactes, sans modification aucune. Parfois l'écriture a des vertus thérapeutiques paraît il ...
Et vous alors, votre enfance elle était comment ?
Ceci devait être ma particpation au concours de Zaza.