Dans 5 jours notre famille n'en sera plus une.
Il n'y a pas que mon coeur de maman qui a mal, il y a aussi celui de la femme que je suis qui est mis à mal. Je commence, petit à petit, à prendre la mesure de la décision que nous avons prise. Mon fils n'est pas le seul à compter les jours avant le départ de son papa. Il part. Je reste dans la maison.
Ce n'est pas la maison en elle même qui me pose problème. Cette maison nous l'avons achetée ensemble il y a 11 ans mais j'y travaille, je m'y sens complètement chez moi, je l'ai en partie décorée. Dans un premier temps ce qui me faisait mal c'était de "croiser" ses affaires, j'avais pris conscience que bientôt telle et telle chose ne serait plus là, qu'il allait partir et puis les choses se sont tassées. Je me suis retrouvée à pleurer comme une gosse en tombant nez à nez avec un sachet de chou-fleur surgelé quand même. Juste parce que c'est le légume favori de Monsieur. Tout me faisait penser à lui, évidemment on habitait dans cette maison ensemble.
Ce qui me fait souffrir ces derniers temps ce sont les livres et les objets qui disparaissent ça et là, parce qu'il commence à vider les lieux, discrètement. Je me suis effondrée dimanche dernier en constatant l'absence de ses livres d'art sur le meuble dans la chambre. Ca m'a fait comme un gros coup de poing dans l'estomac. Je me suis retrouvée sans souffle. D'un coup. Ou ses petites figurines qui ont laissé un grand vide sur l'étagère au dessus du bureau, son bureau. Ce bureau qui ne sera plus jamais habillé de son ordinateur sur lequel il a passé tant de foutues heures à travailler.
La plupart du temps j'arrive à me contenir devant les enfants, quand je sens que je vais me faire envahir par une grosse vague d'émotions je monte dans la salle de bain et je pleure, ils n'y voient que du feu. Du moins jusqu'à la semaine dernière où j'ai eu vraiment du mal à faire bonne figure. Un soir devant l'émission "N'oubliez pas les Paroles" que mon 9 ans adore en plein milieu d'une chanson je me suis mise à pleurer, je me suis excusée en disant que je ne comprenais pas ce qui m'arrivait et mon fils de me répondre "Ben ça doit sûrement te rappeler quelque chose maman" en me faisant un gros câlin. Evidemment. Les souvenirs. Ces satanés souvenirs. 13 ans de vie commune ça laisse des traces.
Mon coeur cogne fort dans ma poitrine quand je le vois, comme prêt à exploser et quand il n'est pas là non plus d'ailleurs. Tout un tas d'émotions contradictoires m'ont habitée ces dernières semaines, envie de le frapper et de le prendre dans mes bras, qu'il s'en aille au plus vite puis de l'embrasser à pleine bouche. J'ai eu l'impression de devenir dingue pendant cette cohabitation de 2 mois. Je crois que de grosses vagues de tristesse sont à prévoir dans les prochaines semaines, mais peut être aussi un peu plus de sérénité et de calme, pour tout le monde.
Dans 5 jours il sera parti. Dans 4 jours ce sera le dernier diner qu'il prendra à la maison, la dernière nuit qu'il passera ici. Dans 5 jours il n'habitera officiellement plus ici, avec nous, avec moi. Dans 5 jours je serai officiellement une maman célibataire, une maman solo comme on les appelle.
Dans 5 jours notre famille n'en sera plus une.