Parfois je souhaite qu'il parte ...
Ce n'est pas une chose facile à avouer mais si je souhaite être tout à fait honnête je dois le faire. Pour celles et ceux qui me suivent depuis longtemps vous savez que j'ai un enfant TDAH, c'est à dire ayant un trouble de l'attention avec hyperactivité. J'ai compris depuis quelques temps maintenant qu'il est handicapé, malgré ce terme de "trouble" son handicap est bien réel, ce n'est pas juste un petit couac comme le laisse entendre cette expression.
J'ai réellement pris la mesure de son handicap il y a huit mois, quand il a été encore plus difficile qu'auparavant de supporter son comportement. Avant cela mon fils avait un trouble neurologique, soit mais c'est tout. Dans ma tête les choses n'étaient pas si claires. Il suivait en classe, arrivait à se concentrer sur ses devoirs grâce au traitement. Tout était rentré dans l'ordre. Depuis, nous avons pris de nouvelles mesures, rencontré de nouveaux spécialistes, mis en place des nouvelles méthodes (puisque les choses sonty allées de mal en pis) ... tout du moins essayé de... parce que ce n'est tellement pas simple de faire s'installer les choses. Déjà avec un enfant classique alors avec un TDAH...
Les autres, l'entourage, les amis ne comprennent pas, on a beau expliquer, avertir (oui parce que parfois on préfère informer plutôt que de sentir des regards ou entendre des réflexions désobligeantes qui pourraient le vexer et le mettre mal à l'aise), ils continuent de lui faire des reflexions "mais pourquoi tu fais ça alors qu'on vient de te dire de ne pas le faire ? -> Ben peut être parce que c'est le propre de l'enfant TDAH il n'imprime pas ?! Je boue dans ces cas là, j'attends que ça passe sinon je crois que je dirais des choses qui mettraient fin à la relation.
Les autres donc, non seulement ne comprennent pas, n'assimilent pas mais ne se doutent pas une seconde de ce que nous vivons à la maison, de l'état de nervosité dans lequel on peut arriver à être. Tous. Tant cela pèse sur la famille. "Mais tout se passe très bien avec Petit Ado, il est juste un peu agité parfois et ne sait pas s'arrêter". Et oui quand on ne le voit qu'une poignée d'heures, qu'il est occupé, en sortie avec des copains, sur sa tablette, entrain de nager et/ou qu'il est en plein dans la montée du médoc, tout se passe en effet bien ou pas trop mal.
Le souci c'est avant et après. Parfois même pendant, quand il est avec son frère. Quand ils partent en sucette tous les deux et que en effet mon Petit Ado ne sait pas s'arrêter, il déborde, il s'excite, il s'étale, en mots, en lourdeur, en câlins, en rires... tout est TROP (oui même les câlins je vous assure), il ne sait pas mesurer, il ne comprend pas/n'entend pas le mot "stop", c'est comme s'il ne trouvait pas le bouton Il ne le fait pas exprès. Il n'est pas juste chiant, un peu oui forcément c'est un ado de 13 ans mais ce n'est pas ça le problème.
J'aime mon fils, est ce nécessaire de le préciser, en fait je le kiffe même carrément ... quand on est tous les deux ou tous les trois avec chéri-chéri, quand on peut discuter comme avec un enfant de son âge, quand on va au resto tous les deux, quand on regarde un film ensemble, au calme et qu'il arrive à se poser... Tout cela arrive parfois, ce sont des moments que je connais et que j'aime tant, qu'on aime tant. Il est drôle, pertinent, intelligent, tendre, attentionné, il est extra ce petit mec.
Mais bien souvent, trop souvent ce n'est pas comme ça que cela se passe. Il exagère, il dépasse les limites, il n'entend rien, et il et me fait finalement exploser. Pas à chaque fois évidemment et heureusement sinon nous serions tous internés à l'heure qu'il est (rire ça fait décompresser) j'ai bien sûr appris à laisser couler, à lâcher l'affaire, respirer, penser à autre chose, quitter la pièce, je sais que c'est cette merde de trouble qui a le dessus, qu'il a des excuses, que tout s'explique mais je ne suis pas une machine. Parfois c'est trop dur je craque. Et je déteste être cette personne qui se retrouve à lui crier dessus et à penser des choses horribles tant il m'épuise et me rend dingue.
Je suis triste d'être cette mère qui ne sait pas faire autrement que de crier à ce moment là, qui ne sait pas prendre sur elle, encore une fois, pour le bien de son enfant, car bien évidemment ce n'est pas épanouissant et équilibrant pour lui, encore moins pour un enfant TDAH. Je suis déçue de ne pas arriver à être "un peu mieux que ça", même si je ne m'autoflagelle pas j'ai conscience de ne pas être une mauvaise mère pour autant, tout cela est culpabilisant "et si plus tard il manque de confiance en lui à cause de ..." "peut être que nous devrions plutôt ceci/cela..." "peut être qu'en étant à ses côtés je lui fais plus de mal que de bien..."
C'est pourquoi depuis plusieurs mois il m'est arrivé de penser qu'il serait mieux loin de nous, loin de moi, dans un endroit plus calme et serein. Un endroit où Dans cet ailleurs il ne subirait pas la pression de ses parents, les cris de sa mère, les réflexions de son beau-père. Il en aurait certes mais il n'y aurait pas de lien affectif associé. Un peu comme un parent qui ne doit pas se substituer à un professeur et entrer en conflit avec son enfant pour les devoirs. Dissocier. Calmer le jeu. Se retrouver pour de plus courtes périodes et non moins heureuses et agréables. Oui parfois je souhaite qu'il parte.
Ces mots sont durs j'en ai conscience. Peut être vais-je vous choquer, sûrement d'ailleurs celles et ceux qui n'ont pas conscience de ce qu'est ce trouble que je qualifierais bien tout de même de maladie moi tant le mal est réel. Tant pis j'assume.
J'ai ma conscience pour moi, je ne répondrai d'ailleurs pas à des commentaires insultants ou mal intentionnés. Des critiques oui des insultes non.
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