Un enfant qui tape ses parents
C''est arrivé chez nous, trois quatre fois avec moi il y a quelques mois et deux fois avec chéri-chéri à peu près au même moment. C'est très déstabilisant de se faire taper par son enfant de 3 ans, j'avoue que les bras m'en sont tombés tant j'étais surprise. Je savais qu'il pouvait taper ses petits camarades, que c'était l'"âge" comme on dit mais comment pouvait il s'en prendre à moi ? Lever la main sur moi sa maman après qui il était en colère certes mais qui tentait doucement et gentiment de lui expliquer les choses ? Comment pouvait il continuer après que je lui ai dit fermement qu'il ne fallait pas faire ça et que ça me faisait mal ?
On sait que les enfants tentent des choses, nous testent pour voire jusqu'où ils peuvent aller, si on finira pas céder à
leurs caprices et je voulais donc agir rapidement et ne surtout pas laisser cela s'installer, en aucune façon. Après recherche d'informations, comme bien souvent quand je sèche devant un problème et
discussion avec ma référence en matière de psychologie à la crèche, j'ai compris que bien souvent quand un enfant adopte ce type comportement (morsure, main levé) c'est l'expression
d'une frustration qu'il ne peut pas gérer, il se sent lui même submergé par quelque chose de fort et dont il ne sait que faire alors ça déborde et ça sort en vrac. Cela arrive donc
fréquemment chez les enfants très sensibles.
Nous avons tout d'abord tenter de lui expliquer calmement mais sûrement que ce n'était pas un comportement à
adopter, que c'était mal de taper qu'il avait le droit d'être en colère mais qu'il lui fallait parler, qu'à 3 ans il parlait très bien et pouvait essayer de mettre des
mots sur ses émotions. Dès lors qu'il hurlait et tapait on lui demandait d'aller se calmer sur une marche d'escalier, une sorte de mise à l'écart, de punition mais ce Petit Loulou a tellement la
tête dure que ça ne le dérange pas d'être mis à l'écrat et que même une fois calmé quand on lui dit qu'il peut nous rejoindre il dit préférer rester sur la marche.
Face à cet échec j'ai décidé de changer d'approche. Dès qu'il rentrait dans ce type de comportement je lui
tendait la perche en lui demandant "tu es en colère?" "tu voulais encore regarder un peu le dessin animé ?" "Alors dis le dis que tu es en colère, dis que tu n'es pas content et
même fâché mais ne pleure pas en me tapant, arrête de faire le moulin avec tes bras". Mon but étant qu'il apprenne à canaliser ce sentiment de colère dont il ne savait que faire.
Je lui ai rabaché ça le temps qu'il a fallu pour qu'il comprenne qu'il pouvait en effet utliser des mots.
Parallèlement après avoir lu de ci de là que ce pouvait être aussi une tentative de sa part de nous dire quelque
chose, de nous faire comprendre qu'il avait un manque, des besoins insatisfaits en quelque sorte, et j'ai eu envie d'être présente là où il ne m'attendait pas. Le soir
quand je rentre on passe certes du temps ensemble mais autour de la table pour manger et puis un peu avec un livre dans sa chaise avant d'aller se coucher et c'est tout. Je lui ai proposé de
l'accompagner dans sa chambre pour partager avec lui sa journée, je m'allonge à côté de lui dans son lit, il me prête une peluche pour ma tête, et là on papoter une dizaine de
minutes, il me raconte sa journée, on chante une petite chanson ensemble et on s'embrasse, doudou, lui et moi.
Depuis tout est rentré dans l'ordre et j'en suis ravie car c'est terriblement douloureux cette sensation de se faire taper par son petit, et vous des ennuis de ce type avec vos enfants ?
L’agressivité chez l’enfant de 0 à 5 ans, S. Bourcier, Les Éditions du CHU Sainte-Justine, 2008, 224 p.